Lundi 4 juillet, enfin les congés ! On se débarrasse des corvées ! Allez ! On pile le bois en plein cagnard, comme tous les ans. Merde ! Une douleur dans le bras, ta tendinite se rappelle à toi ! Puis un poids sur la poitrine, ça c’est nouveau !? Maintenant c’est le bras droit ! Ne sois pas con, ne refuse pas l’évidence, appelle le 15 ! C’est fait ! La machine est lancée !
Les pompiers, le SAMU, les sirènes ….impressionnant ! Jamais je ne suis allé au CHU aussi vite.
Les urgences, où comme tout le monde j’ai passé des plombes à attendre, sont franchies à vitesse expresse (je comprends mieux les heures perdues sur mes venues précédentes).
J’essaye quelques plaisanteries, rien à faire, les blouses blanches sont concentrées sur mon cas et agissent vite et bien !
La table de coronarographie, sympa le grand écran ! Tiens c’est mon cœur !
Deux heures chrono, après mon appel, me voilà sur un lit de soins intensifs de cardio avec un stent dans le buffet !! On se calme !
Les visages sont plus détendus, on esquisse un sourire. On m’explique SVP ?? Merde, je viens de faire un infarctus ! (pourquoi ai-je l’air surpris ?) 24 heures encore sensibles, après ça devrait le faire !
Les SI sont une vraie petite fourmilière, les personnels agissent en permanence, les gestes sont précis, expliqués avec douceur et sympathie. Un ptit coup de blues….tu as failli crever mec ! Les 30 années de clopes, il fallait les payer un jour ! 4 jours de SI! Si tu veux un endroit calme et reposant pour les vacances, ce n’est pas un bon plan !
Mon âme de syndicaliste reprend le dessus, on discute conditions de travail. Quelle honte !!! Nombre de ces personnels sont en CDD ! Ces agents hyper compétents rencontrent au quotidien des problèmes sociaux basiques : emprunts, logements, projection sur la maternité. J’en serais malade si je ne l’étais déjà !
Direction l’hospi conventionnelle ! Champions du monde ! Deux agents : une IDE et une AS tiennent l’ensemble du service, archi plein, à bout de bras. Et là, cerise sur le gâteau, elles sont toutes les deux contractuelles à durée déterminée !
Pour les médecins, c’est pire. Et oui c’est possible ! Trois jours sans en voir un seul. Pour envisager une sortie c’est compliqué ! Enfin, au bout de 7 jours, retour au domicile pour un mois de repos avant la réadaptation cardiaque.
Au CHU, toujours, 7 semaines à faire de la gym, du vélo, à participer à des ateliers où on explique à l’ignard administratif que je suis la
maladie et ses conséquences. Là encore des gens merveilleux qui respirent la compétence et, pour la moitié d’entre eux, ….contractuels à durée déterminée. Ces personnels sont indispensables pour faire fonctionner quotidiennement cet HDJ qui est la salle de sport la plus chère du département (puisqu’il faut parler gros sous !). Comment, année après année, remettre en cause la pérennité de ces profs de sport qui gèrent seuls, tous les jours, des dizaines d’hospi de jour et qui vivent dans l’inquiétude permanente de leur devenir social, dans
l’attente de la signature de leur prochain contrat !
Et pourtant la réadaptation cardiaque restera un superbe souvenir avec ses moments de sueurs, de douleurs, d’échanges entre patients et kinés à l’humour positif décapant, l’accueil toujours souriant d’une administrative elle aussi contractuelle, d’éclats de rire avec les indispensables grivoiseries (clin d’œil !). Son apport sur ma récupération était nécessaire et indéniable. Il n’est pas possible de faire sans !
Voilà ! Par ce parcours personnel, j’ai pu connaître la compétence et la qualité du service de cardiologie. Il est Un parmi les Autres. Comme on le dit couramment, je ne souhaite de mal à personne. Mais…. Un passage de l’autre côté de la barrière ferait comprendre aux décideurs de tous niveaux combien le choix de supprimer des emplois dans les services à des seules fins économiques va, au seuil critique où l’on se trouve, constituer de véritables choix de vie ou de mort.
Non je n’exagère rien ! J’ai vécu !
Seul le service de santé public peut assurer une prise en charge optimale et globale sans autre idée que celle de sauver.
J’ai toujours défendu l’HOPITAL PUBLIC, j’étais sûr d’avoir raison, j’en suis maintenant persuadé !
PS : MERCI A L’ENSEMBLE DU SERVICE DE CARDIO ! Non pardon ! Je sais ! Vous n’avez fait que votre boulot ! Mais, nom de Dieu ! Vous le faites SUPER BIEN !!!!
Hervé DUBOIS